Mutineries en série, révoltes rebelote, évasions à foison !

Mutineries en série, révoltes rebelote, évasions à foison !

(*voir les lettres et des informations supplémentaires sur le blog du journal : https://journalbarouf.noblogs.org)

Mai/Juin : Plusieurs détenues de la maison d’arrêt des femmes de Seysses près de Toulouse font parvenir des lettres à une émission de radio anticarcérale locale pour dénoncer les mauvais traitements de la part de la direction de la taule et des matonnes : mépris et insultes, courriers interceptés, brimades*. À l’extérieur, des personnes solidaires sont allées aux parloirs distribuer des tracts.

21 juin : Concert contre toutes les prisons devant la maison d’arrêt de la santé à Paris.

Début juillet : Des détenus placés à l’isolement au centre de détention de Neuvic sur l’Isle (Dordogne) font sortir une lettre dénonçant leur placement à l’isolement, les médicaments donnés aux détenus, les fouilles, l’éloignement des proches, le pouvoir des matons sadiques et de la direction. « Le motif de cet isolement est sécuritaire, c’est l’excuse de l’AP [Administration Pénitentiaire] pour nous isoler du reste de la détention, les prétextes trouvés sont les suivants ; avoir bouché un œilleton, avoir insulté un maton, refus de rentrer en cellule ou tout simplement grande gueule. […] Nous réclamons nos transferts, mais aussi la fermeture du quartier d’isolement / quartier disciplinaire / quartier strict régime fermé, la démission de l’ensemble de la direction. Pour cela il nous faut un soutien massif de l’extérieur pour rendre public et créer un rapport de force.

Nous, nous restons en lutte malgré les coups portés par les porcs de la pénitentiaire, pour qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie. Nous vous espérons nombreux et actifs afin de briser la répression carcérale. » *

4 juillet : Christine, détenue au centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) devait passer en procès à Arras pour refus de signalétique (empreintes digitales et photo) ; violence pour s’être débattue sous les coups ; menace pour avoir crié à un mastodonte qu’elle lui péterait sa gueule ; dégradations pour avoir foutu le feu dans ses cellules et avoir gravé dans les murs de la cour : « MURS PAR MURS, PIERRE PAR PIERRE, NOUS DÉTRUIRONS TOUTES LES PRISONS ! ». Le procès a finalement été renvoyé à sa demande courant septembre. À son retour en taule elle a de nouveau été placée au mitard. Le lendemain elle entame un nouveau bras de fer avec l’administration pour pouvoir manger le repas du soir, distribué pendant le régime « portes ouvertes », en extérieur. Pour cela elle est passée au prétoire (tribunal de la prison) et a été condamnée à trente jours de mitard supplémentaires plus quatorze autres pour les mêmes « incidents » qui seront jugés au pénal en septembre.

7 juillet : Un détenu du centre de détention d’Argentan (Orne) a mis le feu à une cellule pour protester contre le fait que sa demande de transfert reste sans réponse. Placé au quartier disciplinaire il a de nouveau incendié une cellule le 9 juillet. « J’ai écrit plusieurs fois. Sans réponses ! Mettre le feu à ma cellule est le seul moyen que j’ai trouvé pour me faire entendre » a-t-il déclaré lors de la comparution immédiate suite à laquelle il a été condamné à 4 ans de prison supplémentaires.

9 juillet : Un détenu a pris en otage un maton à la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère).

À Nancy une quarantaine de détenus ont refusé de regagner leurs cellules à la fin de la promenade en solidarité avec un autre détenu à qui l’AP avait refusé une permission pour assister à des obsèques. La direction de la taule a demandé l’intervention des Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité, « supers matons » cagoulés chargés du maintien de l’ordre en prison).

16 juillet : Évasion de la prison de Sequedin près de Lille d’un détenu qui a réussi à tromper la vigilance des matons qui le ramenaient du tribunal. Son frère a déclaré à un journaliste qu’il était parti prendre des vacances et qu’il reviendrait à la rentrée (ha ha ha).

21 juillet : À la maison d’arrêt d’Angers un détenu qui était au mitard a volontairement mis le feu à sa cellule pour en sortir. Suite à cela il a été transféré à l’hôpital psychiatrique, où les médecins l’ont réprimé à coup de calmants. Jugé en comparution immédiate pour « dégradation par incendie », il s’est pris un an ferme.

22 juillet : Une trentaine de détenus de la prison de Clairvaux (Aube) ont refusé de retourner dans leurs cellules suite à la promenade. Parmi leurs revendications : un meilleur accueil des familles lors des visites.

1er août : Mutinerie à la prison de Bourg-en-Bresse (Ain). Une vingtaine de détenus ont détruit du mobilier, des caméras de vidéo-surveillance et des lampes dans une des ailes du centre pénitentiaire. Plusieurs graffitis hostiles au juge d’application des peines et à une surveillante ont recouvert les murs. Cette révolte est le résultat d’un ras-le-bol général par rapport au juge d’application des peines qui n’accorde ni aménagements, ni conditionnelles, ni permissions de sortie. Il y a deux mois déjà, une pétition avait été signée par pas mal de détenus et remise à la direction de la prison par rapport à ça. Ce jour là aussi, une surveillante monitrice de sport a interdit aux détenus qui portaient des shorts de sortir. Les Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité, « supers matons » cagoulés chargés du maintien de l’ordre en prison) sont intervenues pour mater la révolte à coup de matraque et de flashball. Plusieurs personnes ont été mises au mitard et sont ressorties deux jours après et trois ont été transférées*.

En solidarité un blocage à eu lieu à la prison de la Talaudière (Saint-Étienne).

6 août : Un sans papiers enfermé au centre de rétention de Metz s’est fait la belle depuis l’hôpital de Mercy. Il avait été hospitalisé avec une autre personne après qu’ils aient affirmé avoir avalé des cadenas. À l’hôpital, placé dans une pièce non sécurisée, il a réussi à se barrer à la barbe des policiers. Il n’a à priori pas été retrouvé.

14 et 15 août : Deux détenus ont mis le feu à leurs cellules à la prison de Laon (Aisne) à un jour d’intervalle. En comparution immédiate ils ont tous les deux pris 6 mois ferme. Un troisième détenu a également tenté de mettre le feu à sa cellule sans y parvenir.

19 août : Mutinerie à la prison de Blois (Loir-et-Cher) suite à la mort d’un détenu visiblement liée à une négligence de l’AP.Une soixantaine de détenus ont refusé de regagner les cellules, allumé un feu dans un des bâtiments et tenté de prendre le contrôle de certains postes de sécurité, jusqu’à ce qu’une quarantaine de membres des Eris débarquent en renfort.

20 et 21 août : Une vingtaine de détenus ont tenté d’incendier un poste de contrôle de la prison de Châteaudun (Eure-et-Loire) avant de monter sur le toit d’où ils ont lancé des projectiles. Cinq d’entre-eux ont fini en garde-à-vue. Mais la répression et la présence d’une trentaine de flics des Eris restés sur place ne suffisent pas à faire taire la révolte. Le lendemain une trentaine de prisonniers commencent à saccager des grillages pour s’introduire dans la zone neutre de la prison, avant d’être réprimés 3h plus tard par des Eris de Paris et de Dijon venues en renfort. L’AP prévoit le transfert de 20 prisonniers.

22 août : 22 détenus de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines) ont refusé de regagner leurs cellules. Ils protestaient contre la lenteur d’intervention des équipes médicales suite au malaise de l’un d’entre eux.

Le même jour une mutinerie a éclaté au centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) en réponse à une réaction violente des flics lorsqu’un retenu a escaladé une grille pour aller chercher le ballon de foot qui avait atterri dans une partie inutilisée du centre. Un grillage séparant deux blocs du centre a été détruit et des feux ont été allumés dans deux cellules. Les flics on maté la révolte à coup de lacrymos et de matraques et un mutin a fini en garde-à-vue.

30 août : 11 retenus se sont évadés du centre de rétention de Vincennes en découpant un grillage avec une scie à métaux. La même semaine un retenu manque à l’appel du centre de rétention du Mesnil-Amelot.

Encore une belle, Palaiseau trois évasions – 6 septembre 2013

6 septembre : Quatre personnes ont tenté l’évasion du centre de rétention de Palaiseau en sciant les barreaux d’une fenêtre située au premier étage. Trois d’entre eux y sont parvenus et un a été repris car il s’est blessé en sautant.

Nous sommes solidaires de ces protestations et révoltes car elles viennent briser la routine carcérale de la porte qui se referme sur la cellule, des matons qui humilient, de l’isolement qui nous sépare de celles et ceux que l’on aime. Nous sommes solidaires car nous sommes contre la prison.

Nous sommes contre la prison parce que l’idée qu’un être humain en enferme un autre nous est insupportable, que le temps enfermé mutile et assassine.

Nous sommes contre la prison parce que le monde dans lequel on vit et que nous détestons en a besoin pour nous contenir et nous dresser, pour étouffer nos révoltes.

Nous sommes contre la prison parce que nous sommes contre cette société.

Partager ces histoires permet de briser l’isolement, de renforcer et de créer des solidarités à travers les murs, de donner des idées pour s’attaquer à l’enfermement et à ses rouages.

Publié dans le n°2

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